Politique

Archive des publications à propos de politique, chez Simple curiosité

Textes publié le  :

France 2, la chaîne qui est restée scotchée à l’année 1998

Titiou Lecoq, à propos de la grille des programmes de France 2 :

Ne me dites pas que c’est un problème de moyens parce que quand on a acheté les droits des Sopranos en 2000, d’À la Maison blanche en 2001 et de Six feet under en 2004 et qu’on s’est obstiné à les diffuser en VF à 0h30 le vendredi soir, c’est plutôt un problème de connerie.

La grille est analysée en long, en large et en travers, cahier des charges à l’appui, pour aboutir à une conclusion irrésistible. Titiou est la meilleure et France 2 devrait s’inspirer de ses bons conseils.

Lire l’article de Titiou Lecoq sur la programmation de France 2

Sons publié le  :

Le bon sens d’Albert Jacquard

Portrait d’Albert Jacquard
Albert Jacquard, 2009 (Photo de Guillaume Paumier)

La meilleure façon d’honorer Albert Jacquard, mort aujourd’hui, est d’écouter ce qu’il dit et s’en inspirer à l’avenir.

J’aimerais lutter contre cette idée qu’il faut être un gagnant. Qu’est-ce qu’un gagnant ? C’est un fabricant de perdants. Et je n’ai pas le droit de fabriquer des perdants. Par conséquent il faut, dans toutes les structures et en particulier à l’École, dire aux enfants : « j’espère que tu ne seras ni un gagnant, ni un perdant. J’espère que tu vas dépasser cette idée d’un palmarès qui n’existe pas ». Un palmarès, c’est absurde. En tant que biologiste, et même mathématicien, je sais que vouloir rétablir un palmarès, c’est aller contre la logique. Je ne suis pas meilleur que vous. Je peux être plus grand, plus petit, plus rapide… mais pas meilleur que vous, globalement. Je suis différent. Et par conséquent, il faut dire aux enfants : « ne soit jamais premier. N’accepte pas une société raisonnant comme ça, car elle serait stupide ». C’est d’ailleurs pour ça que je lutte contre la Formule 1. C’est magnifique que Renault ait gagné. Mais réfléchissez, c’est ridicule. Pourquoi faut-il dépenser tant d’argent pour tourner en rond le plus vite possible ?

Écouter l’interview d’Albert Jacquard en 2007 par France Culture

Textes publié le  :

La quasi « Cour suprême parallèle »

Le contexte, donné par le New York Times :

Auparavant, la Foreign Intelligence Surveillance Court (FISA, Surveillance du renseignement étranger), comptant 11 membres, s’occupait principalement d’approuver au cas par cas des ordres de mise sur écoute. Mais depuis les changements majeurs de législation et une plus grande supervision judiciaire des opérations de renseignement, instituée il y a six ans, elle est discrètement devenue une quasi-Cour suprême parallèle, jouant le rôle d’arbitre ultime sur les questions de surveillance et en livrant des opinions qui modèleront probablement les pratiques du renseignement pour les années à venir.

Le problème :

Dans l’une des plus importantes décisions de la Cour, les juges ont étendu aux affaires terroristes l’utilisation la doctrine des « besoins spéciaux », qui fait exception au Quatrième amendement qui requiert un mandat pour toute fouille et confiscation.

La doctrine des besoins spéciaux à initialement été établie en 1989 par la Cour suprême, dans un jugement autorisant le contrôle de l’usage de drogue chez les salarié-e-s des chemins de fer, en partant du principe que l’intrusion minime dans la vie privée était justifiée par le besoin du Gouvernement de combattre un danger grandissant pour le public. En appliquant ce concept plus largement, les juges de la FISA ont décidé que la collecte et l’examen par la NSA des données de communications des Américains pour repérer de possibles terroristes n’allait pas à l’encontre du Quatrième amendement.

Autrement dit, les services de renseignements américains pourraient espionner légalement l’intégralité des communications numériques américaines en partant d’une brèche dans les libertés individuelles ouverte il y a un quart de siècle pour prévenir l’usage de la drogue chez les agents de transports en commun. Voilà de quoi éclairer les débats sur l’intérêt de défendre les libertés individuelles.

Lire l’article du New York Times sur la quasi « Cour suprême parallèle » (en anglais)

Édito :
Les a priori politiques les plus faux

À propos de politique, publié le

Les médias d’information sont censés aider à se représenter la réalité. Or, le public a une mauvaise représentation de la réalité. C’est donc que les médias d’information ont échoué. Comment corriger le problème ?

Lire cet édito…

Textes publié le  :

« En finir avec l’idée de Nature »

Son titre peut sembler provocateur, mais ce lien pointe vers le plus intéressant des (longs) textes croisés ces derniers temps. Extrait :

Pour notre part, nous ne voyons dans la nature (la réalité) ni harmonie, ni modèle à suivre, ni source de châtiments utiles ou mérités : on pourrait détailler « ses » méfaits envers les humains ou les autres animaux. On pourrait détailler aussi les tentatives faites pour justifier les malheurs qu’elle cause par les bienfaits censés en résulter, tentatives qu’on peut imputer à l’effort désespéré de théologiens pour soutenir que la Création est toujours bonne puisqu’elle est l’œuvre de Dieu. En fait, nous ne croyons pas que la Nature existe, que le monde soit ordonné, équilibré, harmonieux, que les choses aient une place naturelle, ni non plus qu’il existe une nature des choses. La notion de « réalité » nous suffit, elle est descriptive, et non prescriptive comme l’est celle de « nature ». On imagine des actes « contre-nature » ; mais des actes « contre-réels » ? On ne viole pas la réalité, ni ne la transgresse : débarrassés d’une crainte religieuse, nous sommes alors libres de réfléchir à ce qu’il est bon ou mauvais de faire.

Vraiment saisissant, mais encore plus lorsque ça devient concret :

En assignant aux êtres une nature, on affirme tantôt un droit, tantôt une finalité ou un devoir-être. Avec l’arbitraire le plus total. Ainsi, le fait que les femmes puissent enfanter a souvent conduit à l’idée qu’elles devaient enfanter ou que leur véritable nature ne s’accomplissait que dans la maternité. Le fait que les organes sexuels mâles et femelles permettent la procréation a pu être interprété comme un commandement de la nature (ou de Dieu) exigeant qu’ils ne servent qu’à cela. En revanche, le fait que la bouche soit un point d’entrée pour l’ingestion des aliments a rarement conduit les moralistes à désapprouver ceux qui s’en servent pour souffler dans une clarinette. La nature, c’est la norme.

Si vous êtes d’accord, lisez le reste de l’article. Il ne fait que dérouler le fil de cette idée, avec le plus de cohérence possible. Vous serez peut-être surpris-e des implications.

Lire l’article de Yves Bonnardel, « En finir avec l’idée de Nature »

Textes publié le  :

Les grandes chaînes mettent toujours plus en avant les faits divers dans leur JT

L’INA a réalisé une étude sur la place qu’occupent les faits divers dans les journaux des six premières chaînes de la télévision française.

Voilà l’ordre des thématiques et le nombre de sujets pour chacune :

  1. Société (5605)
  2. Information internationale (5067)
  3. Politique (4521)
  4. Économie (3684)
  5. Sport (2541)
  6. Culture loisirs (2510)
  7. Faits divers (2062)
  8. Catastrophes (1982)
  9. Justice (1795)
  10. Environnement (1261)
  11. Santé (1050)

Une seule chaîne se démarque véritablement : Arte. Canal + est également sortie du troupeau depuis 2010.

Claire Sécail, chercheuse au laboratoire Communication et politique du CNRS répond à une bonne question de FranceTV info :

L’augmentation du traitement des faits divers à la télévision reflète-t-elle la réalité ?

Il n’y a pas de faits divers dans la vie réelle. Le fait divers, c’est la mise en récit. C’est une information qui intéresse les journalistes et qui va donc être médiatisée. On croit que les journalistes traduisent la réalité, mais ils la construisent. Depuis les années 1970, les statistiques de la criminalité sont publiées. Du coup, les journalistes cherchent dans les faits divers l’illustration de ces statistiques. Parfois, ces correspondances ne sont pas évidentes, comme durant la campagne présidentielle de 2002. À la télévision, la médiatisation des faits divers avait explosé. Pourtant, il n’y avait eu qu’une relative augmentation des chiffres de la délinquance. Il est évident qu’il y a parfois un rapport disproportionné entre les faits et ce que perçoit le public à la télévision.

Lire l’étude de l’INA sur l’augmentation des faits divers dans les JT (document PDF, 127 ko)

Textes publié le  :

Les postes jamais occupés par une femme en France

Slate.fr :

Une journaliste du magazine américain New Republic, Lydia DePillis, a ouvert un blog intitulé 100 Percent Men où, photos et listes à l’appui, elle pointe du doigt les sommets du monde professionnel encore composés exclusivement d’hommes. Quelques exemples : toutes les personnes qui sont allées sur la Lune ; la totalité du département de mathématiques appliquées de l’université de Harvard ; tous les présidents de la Cour suprême des Etats-Unis.

Qu’en est-il en France ?

Lire la liste des postes jamais occupés par une femme, par Slate.fr

Textes publié le  :

Je déteste vous appeler, vous détestez me répondre

Témoignage anonyme d’une téléopératrice :

Je déteste vous appeler, vous détestez me répondre. Je suis censée vous baratiner pour que viennent chez vous des demi-escrocs aux gueules enfarinées, je dois vous vendre des produits que je connais à peine et dont je n’ai strictement rien à carrer. Je vous mens, on m’y force, j’y suis obligée. Sachez que 930 € par mois, c’est le prix de mon intégrité.

Et je dois vous mentir bien, en gloussant joyeusement, pour faire le quota imposé. Gare à ta gueule le jour où tu ne le fais pas : on te menace d’office de te virer, une journée de rien c’est un poids pour la société. Alors je vous souris au téléphone, en serrant quand même un peu les dents : figure-toi que le sourire, ça s’entend. Le désespoir, lui, reste silencieux… heureusement.

Lire le témoignage chez « Salaire de la peur »

Images publiée le  :

La vraie taille de l’Afrique

Kai Krause cherche à combattre ce qu’il appelle “immappancy”, littéralement l’ignorance de la cartographie. En rapprochant visuellement des pays voire des continents entre-eux, on obtient une autre perspective du monde :

États-unis, Chine, Inde, Japon et Europe réunis sont plus petits que l’Afrique.

Le principal problème en la matière vient probablement du fait que toute carte du monde est fatalement infidèle à la réalité, puisqu’elle cherche à aplatir un globe et que c’est une démarche tout sauf naturelle. On perd forcément en fiabilité d’information. Différentes projections existent, chacune ayant une déformation particulière. La plus connue est la projection de Mercator et, aussi pratique qu’elle ait pu être pour les navigateurs il y a plusieurs siècles, elle donne le Groenland comme ayant une superficie équivalente à celle de l’Afrique. Problème : en réalité, sur le globe, l’Afrique a une superficie quatorze fois plus importante que celle du Groënland. La projection de Peters respecte davantage la taille réelle des continents.

Avec Mercator, il y a déformation à l’avantage des zones tempérées aux pôles.
La « mauvaise » projection de Mercator à gauche, la « bonne » projection de Peters à droite.

Reste maintenant à envisager de retourner les cartes à 180°, pour placer le sud en haut et le nord en bas, parce qu’il n’y a pas de bonne raison pour ne pas le faire. (La « tradition » est rarement voire jamais une raison valable.) À l’inverse, il y a de bonnes raisons de le faire : annuler une hiérarchie géographique qui n’a aucune base scientifique, changer de perspective, renverser son point de vue, etc.

Regarder les infographies comparant des continents et des pays entre-eux (en anglais)

Voir la carte commercialisée par CCFD-Terre solidaire, avec la projection de Peters renversée

Images publiée le  :

Photos d’enfants à travers le monde avec leur bien le plus précieux

Ce ne sont que des photos d’enfants avec leurs jouets, mais la perspective est telle qu’il est impossible de ne pas rajouter l’étiquette « politique » à ce tour du monde.

Voir la galerie de photos d’enfants par Gabriele Galimberti (en anglais)