Politique

Archive des publications à propos de politique, chez Simple curiosité

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« Osons imaginer l’existence sociale hors du travail »

Loïc Wacquant, sociologue, résume en cinq minutes le problème de notre société actuelle par rapport au travail. Ça date de 1999 et c’est une véritable perle. Quinze ans après, on en est toujours au même point, après avoir vu passer la gauche plurielle, la droite (avec Sarkozy) et la droite de la gauche (avec Hollande).

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Critique de la couverture du Venezuela par Le Monde

Maurice Lemoine, atterré par la couverture des évènements au Venezuela par Le Monde, a pris sa plume pour écrire au médiateur du journal. Extrait :

Dans tous ses articles, je dis bien tous ses articles – si vous en avez le courage, relisez-les – Paulo A. Paranagua nous parle du « lieutenant-colonel » Hugo Chávez et du « capitaine » Diosdado Cabello. Curieux : l’un et l’autre ont quitté l’armée en 1994, il y a vingt ans ! Au cas où vous ne saisiriez pas l’intérêt du procédé, je vais vous l’expliquer : il s’agit de la formule qu’utilisent les médias vénézuéliens d’opposition (El Nacional, El Universal, Tal Cual, etc.) pour désigner, depuis 2002, feu le « président » Chávez et l’actuel « président de l’Assemblée nationale », exprimant ainsi qu’ils leur dénient la légitimité et le titre que les élections démocratiques et la Constitution leur ont pourtant octroyé. Tout en rappelant de façon subliminale la tentative de coup d’Etat à laquelle ils ont participé, le 4 février 1992, en omettant de rappeler l’une de ses causes, la terrible répression, trois ans auparavant, d’un soulèvement populaire – le caracazo – qui a fait, selon les sources, entre 300 et 3 000 morts (voire même davantage), sous les auspices d’un président social démocrate, Carlos Andrés Pérez, ultérieurement destitué pour corruption. À défaut du prix Pullitzer ou du prix Albert Londres, Paulo A. Paranagua peut donc postuler avec les plus grandes chances de succès au Prix franco-vénézuélien de la connivence et du « copier-coller ».

Ouch.

Lire la lettre ouverte de Maurice Lemoine au médiateur du Monde

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« Les États-Unis omniprésents dans nos JT, l’Afrique et l’Amérique latine oubliées »

Arrêt sur images relève que, selon le baromètre thématique de l’Institut national de l’audiovisuel, la vision internationale des journaux télévisés français est complètement déséquilibrée, car elle se focalise très largement sur les États-Unis. En 2013, ces derniers comptaient deux fois plus de reportages que la Syrie, pourtant en pleine guerre civile, par exemple.

Carte du monde avec le nombre de mentions de chaque pays dans les JT français
Les États mentionnés plus de cinquante fois dans les JT français

Pour avoir une vision internationale la plus diversifiée possible, c’est vers les JT d’Arte et de Canal+ qu’il faut se tourner, toujours selon ces statistiques.

Lire le baromètre thématique des journaux télévisés de l’INA (document PDF, 319 ko)

Lire l’analyse d’Arrêt sur images (article payant)

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« Les députés en ont marre des manifestations sous leurs fenêtres »

Eh bien qu’ils déménagent, ces pleutres.

Prochain titre : « les députés en ont marre des électeurs » ? voire « des élections » ? Voilà des gens qui ont un culot inversement proportionnel à leur sens de la démocratie.

Lire l’article très sérieux de FranceTVinfo sur le sujet

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« Pas fini »

Laurent Chemla, figure historique de l’Internet français :

Dans mon vieux bouquin, j’avançais en hésitant une théorie balbutiante : Internet serait une étape normale de l’évolution d’une espèce (l’humanité) dont la survie est basée sur le transfert du savoir acquis, d’une génération à la suivante. Et lorsque la quantité de savoir à transmettre ne se satisfait plus des outils existants, alors il est temps d’en inventer d’autres, plus puissants.

Aujourd’hui, si je devais formuler la même thèse, je prendrais beaucoup moins de gants pour le faire : c’est une évidence.

La parole, la tradition orale, a longtemps suffit à notre évolution en tant qu’espèce. Quand elle est devenue insuffisante, nous avons inventé l’écriture. Quand l’écriture manuscrite a montré ses limites, nous avons inventé l’imprimerie. Et quand la masse des savoirs a dépassé la capacité des livres à les contenir et les transmettre, nous avons inventé l’hypertexte et le Web.

Chacun à leur tour, ces outils ont permis la démultiplication des compétences, et augmenté eux aussi le savoir global, rendant ainsi nécessaire l’invention de l’étape suivante.

C’est un continuum.

Le numérique, par l’ampleur des changements qu’il induit dans nos sociétés, va même encore au delà de l’invention de l’imprimerie. Il est selon moi d’une importance aussi grande que l’a été l’invention de l’agriculture, aussi grande que le passage de la taille de la pierre à l’age de bronze. Ce n’est pas juste un changement de société : c’est un basculement de civilisation.

Nous sommes passés à l’age du numérique, quand ceux qui croient nous diriger en sont restés à l’age du papier.

Lire l’article « Pas fini » de Laurent Chemla

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« J’en ai ras le bol qu’on doive s’excuser à cause de la “théorie du genre” »

Titiou Lecoq, à propos de la polémique sur le genre à l’École :

On ne peut pas dire d’un côté « olala les méchants qui veulent effacer les distinctions sexuelles » (donc psychologique et intellectuelles, parce que ne vous y trompez pas, avec ces gens-là, ça va forcément de pair), et de l’autre nous accuser de l’exact opposé, à savoir sexualiser l’enseignement. C’est vous, avec votre école idéale de filles et de garçons qui sexualisez les enfants. C’est vous avec votre obsession du rose, des paillettes, des palettes de maquillage versus le bleu, les grosses chaussures, le sport, qui sexualisez les enfants.

Pas nous.

Nous, on fait l’inverse. On veut leur foutre la paix avec ces distinctions et leur dire de faire comme ils en ont vraiment envie.

La voix de la raison.

Lire l’article de Titiou Lecoq chez Slate

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Les « charges sociales », ça n’existe pas

Gérard Filoche, membre du bureau national du Parti socialiste :

Un salarié m’avait dit : « mon patron me licencie parce qu’il a trop de charges ». J’en aurai pleuré. Croyait-il que son salaire était trop élevé ? Nul ne lui avait expliqué que son « brut » était du salaire indirect ou différé ? Même s’il ne le touchait pas tout de suite, c’était encore plus précieux : sa vie en dépendrait tôt ou tard. Demain à l’hôpital. Demain au chômage. Demain en retraite. Par exemple, le système de retraite par répartition, ce n’est pas une épargne (ouf, car sinon nos retraites seraient parties avec Madoff ou Lehmann-Brothers) mais c’est une part de salaire versée en temps réel par ceux qui travaillent chaque mois pour assurer la retraite des aînés. En temps de crise, c’est ce salaire mutualisé qui résiste le mieux, cent mille fois plus que les fonds des assurances et des banksters.

À garder en tête quand on nous parle de coût du travail trop élevé, parfois même par les camarades de M. Filoche au PS.

Lire l’article de Gérard Filoche sur les cotisations sociales

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« Vous ne connaissez pas l’Afrique »

Combien de temps mettrez-vous pour localiser 20 pays aléatoires sur le continent africain ?

Jouer à « Vous ne connaissez pas l’Afrique »

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Qui a dit qu’il fallait virer 90% des journalistes et ne garder que les 10% incontrolables ?

Un lauréat du prix Pulitzer, Seymour Hersh :

Notre travail, c’est de découvrir la vérité par nous-mêmes, et pas de dire : « Voilà, il y a un débat ». Notre travail, c’est d’aller au-delà du débat, de déterminer qui a tort et qui a raison sur telle ou telle question. Cela n’arrive plus assez souvent. C’est coûteux, ça prend du temps et ça oblige à prendre des risques. (…)

Il faut se débarrasser de 90% des journalistes actuels et promouvoir des gens qu’on ne puisse pas contrôler. J’ai observé qu’à la rédaction du New York Times, ceux qui sont promus sont les plus proches de la direction, et les fauteurs de troubles n’obtiennent pas de promotion. Il faut promouvoir de meilleurs éléments, qui vous regardent droit dans les yeux et vous disent : « cause toujours, tu m’intéresses ».

Lire l’article du Courrier international à propos de Seymour Hersh

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« Votre entreprise a été réquisitionnée »

Voici un extrait d’un récent article de Bruce Schneier, spécialiste de la sécurité bien connu aux États unis :

Lavabit est (enfin, était) un service de courrier électronique qui offrait davantage de confidentialité que les services grand public utilisés par la plupart des gens. C’était une petite entreprise, possédée et dirigée par Ladar Levison, et qui était populaire parmi les connaisseurs. Le lanceur d’alerte de la NSA Edward Snowden faisait partie de son demi-million d’utilisateurs.

Le mois dernier, on a appris que Levison avait reçu un ordre (probablement une lettre de l’Administration chargée de la sécurité nationale, NSA) demandant à ce que la NSA puisse accéder aux conversations de tous les utilisateurs de Lavabit. S’il résistait, il était menacé de « devenir complice d’un crime contre le peuple américain ». Il a préféré fermer le service. Notez que nous ne sommes pas certains qu’il ait reçu une lettre de la NSA, puisque cette formalité autorisée par le Patriot act peut se passer de la signature d’un juge et interdit à son destinataire d’en parler. Nous ne connaissons pas non plus la portée exacte de l’injonction qu’il a reçu, mais Levison a dit qu’il s’était déjà conformé à des requêtes demandant un accès ponctuel à des comptes précis par le passé et que, cette fois-ci, c’était très différent.

Jusque là, nous sommes simplement devant une ferme réaction de principe face à la pression gouvernementale. C’est ce qui a suivi qui est le plus alarmant. Le gouvernement a menacé de l’arrêter, en argumentant que la fermeture de son service constituait une violation de l’injonction qu’il a reçu.

Donc voilà. Si vous avez une entreprise, et que le FBI ou la NSA veulent la transformer en un outil de surveillance massive, ils croient qu’ils peuvent le faire, de leur seule initiative. Ils peuvent vous forcer à modifier votre système. Ils peuvent faire tout ça en secret, puis forcer votre entreprise à garder ce secret. Une fois qu’ils l’ont fait, vous n’avez plus de contrôle sur cette partie de votre entreprise. Vous ne pouvez pas interrompre une partie de votre service. D’une façon très concrète, ce n’est plus votre entreprise. C’est le bras d’un vaste système de surveillance des États unis, et si vos intérêts entrent en conflit avec les leurs, ils gagneront. Votre entreprise a été réquisitionnée.

Ce n’est pas de la science fiction. Ce n’est pas 1984. C’est la réalité d’aujourd’hui, étayée par des faits que plus grand monde ne nie, même plus le gouvernement américain lui-même.

Lire l’article de Bruce Schneier sur l’emprise de la NSA sur Internet (en anglais)