Médias

Archive des publications à propos des médias, chez Simple curiosité

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Critique de la couverture du Venezuela par Le Monde

Maurice Lemoine, atterré par la couverture des évènements au Venezuela par Le Monde, a pris sa plume pour écrire au médiateur du journal. Extrait :

Dans tous ses articles, je dis bien tous ses articles – si vous en avez le courage, relisez-les – Paulo A. Paranagua nous parle du « lieutenant-colonel » Hugo Chávez et du « capitaine » Diosdado Cabello. Curieux : l’un et l’autre ont quitté l’armée en 1994, il y a vingt ans ! Au cas où vous ne saisiriez pas l’intérêt du procédé, je vais vous l’expliquer : il s’agit de la formule qu’utilisent les médias vénézuéliens d’opposition (El Nacional, El Universal, Tal Cual, etc.) pour désigner, depuis 2002, feu le « président » Chávez et l’actuel « président de l’Assemblée nationale », exprimant ainsi qu’ils leur dénient la légitimité et le titre que les élections démocratiques et la Constitution leur ont pourtant octroyé. Tout en rappelant de façon subliminale la tentative de coup d’Etat à laquelle ils ont participé, le 4 février 1992, en omettant de rappeler l’une de ses causes, la terrible répression, trois ans auparavant, d’un soulèvement populaire – le caracazo – qui a fait, selon les sources, entre 300 et 3 000 morts (voire même davantage), sous les auspices d’un président social démocrate, Carlos Andrés Pérez, ultérieurement destitué pour corruption. À défaut du prix Pullitzer ou du prix Albert Londres, Paulo A. Paranagua peut donc postuler avec les plus grandes chances de succès au Prix franco-vénézuélien de la connivence et du « copier-coller ».

Ouch.

Lire la lettre ouverte de Maurice Lemoine au médiateur du Monde

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« Les États-Unis omniprésents dans nos JT, l’Afrique et l’Amérique latine oubliées »

Arrêt sur images relève que, selon le baromètre thématique de l’Institut national de l’audiovisuel, la vision internationale des journaux télévisés français est complètement déséquilibrée, car elle se focalise très largement sur les États-Unis. En 2013, ces derniers comptaient deux fois plus de reportages que la Syrie, pourtant en pleine guerre civile, par exemple.

Carte du monde avec le nombre de mentions de chaque pays dans les JT français
Les États mentionnés plus de cinquante fois dans les JT français

Pour avoir une vision internationale la plus diversifiée possible, c’est vers les JT d’Arte et de Canal+ qu’il faut se tourner, toujours selon ces statistiques.

Lire le baromètre thématique des journaux télévisés de l’INA (document PDF, 319 ko)

Lire l’analyse d’Arrêt sur images (article payant)

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AuFémininPointConne

Le Web vient de prendre 1 000 points de valeur ajoutée avec l’ouverture d’AuFémininPointConne, qui a pour objet de parodier et de caricaturer la presse féminine :

AuFémininPointConne est là pour faire semblant de résoudre des problèmes que vous n’auriez pas eu si vous ne l’aviez pas lu. Et pour faire semblant de vous vendre cher des solutions inutiles.

Pour rigoler, pour protester, pour s’affranchir, et pour lutter contre l’aliénation de LaFâme par la presse féminine, lisez AuFemininpointConne.

Lire AuFémininPointConne

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Qui a dit qu’il fallait virer 90% des journalistes et ne garder que les 10% incontrolables ?

Un lauréat du prix Pulitzer, Seymour Hersh :

Notre travail, c’est de découvrir la vérité par nous-mêmes, et pas de dire : « Voilà, il y a un débat ». Notre travail, c’est d’aller au-delà du débat, de déterminer qui a tort et qui a raison sur telle ou telle question. Cela n’arrive plus assez souvent. C’est coûteux, ça prend du temps et ça oblige à prendre des risques. (…)

Il faut se débarrasser de 90% des journalistes actuels et promouvoir des gens qu’on ne puisse pas contrôler. J’ai observé qu’à la rédaction du New York Times, ceux qui sont promus sont les plus proches de la direction, et les fauteurs de troubles n’obtiennent pas de promotion. Il faut promouvoir de meilleurs éléments, qui vous regardent droit dans les yeux et vous disent : « cause toujours, tu m’intéresses ».

Lire l’article du Courrier international à propos de Seymour Hersh

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France 2, la chaîne qui est restée scotchée à l’année 1998

Titiou Lecoq, à propos de la grille des programmes de France 2 :

Ne me dites pas que c’est un problème de moyens parce que quand on a acheté les droits des Sopranos en 2000, d’À la Maison blanche en 2001 et de Six feet under en 2004 et qu’on s’est obstiné à les diffuser en VF à 0h30 le vendredi soir, c’est plutôt un problème de connerie.

La grille est analysée en long, en large et en travers, cahier des charges à l’appui, pour aboutir à une conclusion irrésistible. Titiou est la meilleure et France 2 devrait s’inspirer de ses bons conseils.

Lire l’article de Titiou Lecoq sur la programmation de France 2

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Les grandes chaînes mettent toujours plus en avant les faits divers dans leur JT

L’INA a réalisé une étude sur la place qu’occupent les faits divers dans les journaux des six premières chaînes de la télévision française.

Voilà l’ordre des thématiques et le nombre de sujets pour chacune :

  1. Société (5605)
  2. Information internationale (5067)
  3. Politique (4521)
  4. Économie (3684)
  5. Sport (2541)
  6. Culture loisirs (2510)
  7. Faits divers (2062)
  8. Catastrophes (1982)
  9. Justice (1795)
  10. Environnement (1261)
  11. Santé (1050)

Une seule chaîne se démarque véritablement : Arte. Canal + est également sortie du troupeau depuis 2010.

Claire Sécail, chercheuse au laboratoire Communication et politique du CNRS répond à une bonne question de FranceTV info :

L’augmentation du traitement des faits divers à la télévision reflète-t-elle la réalité ?

Il n’y a pas de faits divers dans la vie réelle. Le fait divers, c’est la mise en récit. C’est une information qui intéresse les journalistes et qui va donc être médiatisée. On croit que les journalistes traduisent la réalité, mais ils la construisent. Depuis les années 1970, les statistiques de la criminalité sont publiées. Du coup, les journalistes cherchent dans les faits divers l’illustration de ces statistiques. Parfois, ces correspondances ne sont pas évidentes, comme durant la campagne présidentielle de 2002. À la télévision, la médiatisation des faits divers avait explosé. Pourtant, il n’y avait eu qu’une relative augmentation des chiffres de la délinquance. Il est évident qu’il y a parfois un rapport disproportionné entre les faits et ce que perçoit le public à la télévision.

Lire l’étude de l’INA sur l’augmentation des faits divers dans les JT (document PDF, 127 ko)

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L’abîme ou le réveil

Edwy Plenel dresse le tableau de la situation politique actuelle en France, et il est autant juste qu’atterrant :

Tandis que l’édition marchande impose la confession intime et le voyeurisme salace, au détriment d’une littérature de la découverte et du dépassement, l’inépuisable feuilleton strauss-kahnien met en scène l’accouplement de la prédation sexuelle et de la domination sociale.

Tandis que l’ancienne droite républicaine se vautre dans le racisme anti-musulman et dans l’essentialisme identitaire, le ministre de l’intérieur en place désigne un ennemi intérieur qui accouple les mots fascisme et islam, tout en assimilant la colère ouvrière aux casseurs délinquants. Tandis qu’un affairiste notoire, repris de justice avéré, fait main basse sur des journaux avec la complicité des banques, l’information ne cesse d’être malmenée par le divertissement, le rire ayant détrôné la conscience et le doute désabusé tenant lieu de conviction enracinée.

Lire l’article d’Edwy Plenel chez Mediapart

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Trois éléments clé absents de la plupart des informations

Matt Thompson :

Je suis arrivé à la conclusion qu’il y a quatre éléments clé dans l’actualité et qu’un seul d’entre-eux nous est généralement accessible, bien que les journalistes disposent des quatre et que les trois autres soient potentiellement plus importants.

  1. Ce qui vient de se passer (élément partagé avec le public) ;
  2. Ce qui s’est passé avant (non partagé) ;
  3. Comment les journalistes savent ce qu’ils savent (non partagé) ;
  4. Ce que les journalistes ne savent pas (non partagé).

Il n’est pas dit que tous les journalistes soient armés pour vraiment maîtriser les quatre éléments qu’il liste, mais en dehors de ce point, c’est une analyse cruellement vraie.

Lire les explications de Matt Thompson sur ces éléments clé des informations (en anglais)