Au Royaume Uni, la Royal statistical society a sondé l’opinion pour recueillir sa perception des problématiques clé de notre société. Elle en a tiré un top 10 des a priori les plus faux. Extrait :
Aide internationale. 26% de la population pense que l’aide internationale est l’une des trois principales dépenses du Gouvernement, alors qu’elle ne représente que 1,1% des dépenses (7,9 milliards de £) en 2011/2012. Une majorité de la population pense que l’on dépense plus pour l’aide internationale que pour les retraites (alors que ces dernières coûtent près de 10 fois plus, 74 milliards de £) ou que pour l’éducation (51,5 milliards de £).
Le directeur exécutif de la RSS pose trois pistes pour contrer ces a priori :
Premièrement, il faut que les personnalités politiques communiquent mieux sur le véritable état des affaires du pays, plutôt que de déformer les statistiques. Deuxièmement, les médias doivent éclairer sincèrement les problématiques, plutôt que d’utiliser les statistiques à des fins sensationnalistes. Enfin, nous avons besoin d’un meilleur enseignement de la statistique à l’École, pour que la population soit mieux à même de comprendre les données.
On est vraiment au cœur de tous problèmes de nos sociétés. Tout est là : certaines personalités politiques qui font tout pour conserver le pouvoir plutôt que de communiquer honnêtement sur l’état du pays ; les médias qui s’intéressent plus aux enchères de leurs créneaux publicitaires qu’à la bonne information de la population ; et l’École qui n’a pas les moyens de donner toutes les clés aux citoyennes et citoyens pour faire des choix véritablement éclairés.
Arrêtons nous sur les médias d’information : ces dernières années, le bon plan consiste à se vanter d’être numéro un sur l’audience. On en fait des quatre par trois, des logos incrustés en bas à droite de chaque direct, on remercie le public après une pointe exceptionnelle, etc. Affligeant. Quand un média osera vérifier la bonne information de son audience par rapport à l’état réel de la société, il aura trouvé le bon indicateur. « Notre audience est la mieux informée. » Voilà un slogan qui donne envie de regarder et qui ne peut qu’entraîner un nivellement par le haut. Jusque là, dans un exemple éclatant de cercle vicieux, on se dit que le numéro un est forcément le meilleur, puisqu’il est numéro un. Mais sur la base de quoi ? du sensationnalisme ? du lol ? du sourire de la personne qui présente ?
Dans ce domaine comme dans d’autres, il y a ceux qui font de l’information pour faire du fric, et ceux qui font du fric pour faire de l’information. Il est donc d’autant plus déprimant de constater que les chaînes publiques, théoriquement exonérées de l’obligation de rentabilité, ont encore le réflexe de considérer l’indicateur d’audience comme suffisant pour déduire à lui seul un bon travail journalistique.
L’une des premières mesures concrètes pourrait donc être d’exiger de France télévisions et de Radio France une hausse régulière, non pas de l’audience mais, de la bonne information de son public sur les problématiques clé de notre société, comme l’a fait la RSS. En cas de succès, laisser ces deux sociétés faire leur communication là-dessus, et observer lentement mais sûrement la concurrence réagir.