Dans deux brillants exposés TED, Brene Brown raconte sa recherche du point commun à toutes les personnes qu’elle a pu rencontrer en 10 ans de travail dans le secteur social. Vaste programme. Mais très rapidement, elle découvre que ce point commun est tout simplement la honte, « peur de l’exclusion ». Et pour combattre cette peur, on aurait tendance à vouloir rendre parfait ce qui est intrinsèquement imparfait — entreprise vaine et terriblement contre-productive, car synonyme d’addictions et de dépressions en masse.
L’alternative qu’elle propose est simple et on l’a déjà entendue ailleurs, mais elle l’articule brillamment :
Quelques mois plus tard, enrichie par les différents retours du public à cette première conférence, la revoilà qui précise son idée et la regarde à travers de nouveaux prismes, dont celui du genre. Car s’il y a un modèle qui repose sur la honte, sur l’exclusion, c’est bien le modèle sexiste.
Ne sous-estimons pas cette idée que la honte, peur de l’exclusion, soit à la racine de nos comportements, pour le meilleur ou pour le pire.
Par exemple, quand Louis CK nous parle de la fois où il était à poil chez le docteur pour nous faire rire, la peur de l’exclusion est paradoxalement synonyme d’inclusion, puisqu’elle est partagée par tout le monde. Il utilise la honte de bonne foi. C’est le meilleur côté de la honte : pouvoir en rire.
Mais quand une pub fait croire que la mode est la seule clé de la réussite, quand les émissions de télé-scriptée, les cours de certains profs ou l’idéologie sexiste se construisent entièrement sur l’exclusion, la honte est utilisée de mauvaise foi. C’est le pire côté de la honte : pouvoir l’utiliser pour dominer une personne ou un groupe de personnes.
Gardons cette distinction en tête pour mieux faire le tri dans ce qui nous entoure.