La Nation peut se réjouir que ce déserteur de Lionel Jospin ait tenu à re-exprimer sa réserve contre le mariage pour tous, car ça semble avoir poussé Virginie Despentes à écrire le meilleur texte de ces derniers temps, exemple de bon sens, de progressisme et de rhétorique. En voici un extrait, qui ne vaut pas la conclusion mais qui donne le ton :
Jospin, comme beaucoup d’opposants au mariage gay, est un homme divorcé. Comme Copé, Le Pen, Sarkozy, Dati et tutti quanti. Cet arrangement avec le serment du mariage fait partie des évolutions heureuses. (…) On sait que les hétérosexuels divorcent plus facilement qu’ils ne changent de voiture. On sait que l’adultère est un sport courant (…) et on sait d’expérience qu’ils ne pensent pas que faire des enfants hors mariage soit un problème. Ils peuvent même faire des enfants hors mariage, tout en étant mariés, et tout le monde trouve ça formidable. Très bien. Moi je suis pour tout ce qui est punk rock, alors cette idée d’une immense partouze à l’amiable, franchement, je trouve ça super seyant. Mais pourquoi tant de souplesse morale quand ce sont les hétéros qui se torchent le cul avec le serment du mariage, et cette rigidité indignée quand il s’agit des homosexuels ? On salirait l’institution ? On la dévoierait ? Mais les gars, même en y mettant tout le destroy du monde, on ne la dévoiera jamais davantage que ce que vous avez déjà fait, c’est perdu d’avance… Dans l’état où on le trouve, le mariage, ce qui est exceptionnel c’est qu’on accepte de s’en servir.
Dans le mille.