Politique

Archive des publications à propos de politique, chez Simple curiosité

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L’État de droit et le contrôle d’identité

Aux États-Unis, des points de contrôles se sont multipliés aux abords des frontières. Les agents du département de la Sécurité intérieure y arrêtent des véhicules et interrogent les occupants.

Des citoyens ont filmé ces contrôles. L’arbitraire règne, comme cet agent qui demande à voir l’intérieur d’un coffre parce que « la voiture est sale » et qui semble désemparé devant le refus poli du conducteur. Ces citoyens connaissent leurs droits : soit ils sont retenus, ce qui oblige les agents à déterminer un motif valable pour ce faire, soit ils sont libres, et ont donc le droit de tracer leur route. Ça donne des discussions assez surréalistes, où toute la beauté de la rhétorique juridique peut apparaître :

En France aussi, on est censé ne pas être contrôlé de façon arbitraire. L’article 78-2 du code de procédure pénale pose les conditions de la légalité d’un contrôle d’identité :

Les officiers de police judiciaire et, sur l’ordre et sous la responsabilité de ceux-ci, les agents de police judiciaire et agents de police judiciaire adjoints (…) peuvent inviter à justifier, par tout moyen, de son identité toute personne à l’égard de laquelle existe une ou plusieurs raisons plausibles de soupçonner :

  • qu’elle a commis ou tenté de commettre une infraction ;
  • ou qu’elle se prépare à commettre un crime ou un délit ;
  • ou qu’elle est susceptible de fournir des renseignements utiles à l’enquête en cas de crime ou de délit ;
  • ou qu’elle fait l’objet de recherches ordonnées par une autorité judiciaire.

Autrement dit, théoriquement, il doit toujours y avoir un soupçon plausible à l’origine d’un contrôle d’identité. Même réduit à un endroit et à un temps donné, le contrôle d’identité systématique est interdit.

Mais imagine-t-on qu’en France, il soit possible d’argumenter (avec succès !) si souvent pour faire respecter ce droit de base contre l’arbitraire, comme dans cette vidéo ? Et dans la négative, pourquoi ?

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Le cameraman sans gêne

Quelqu’un a eu l’idée de prendre une caméra sur son épaule et de filmer les gens, ostensiblement, inopinément. GeekWire, qui reprend cette vidéo, pose une question : en quoi cette surveillance est-elle différente de celle des caméras perchées sur des poteaux ou masquées derrières des miroirs sans teint ?

La personne qui filme s’invite à quelques mètres des gens, écoute leur conversation, rentre dans des bâtiments, le tout sans avoir aucune autorisation préalable. Mais la vidéosurveillance « classique », en pleine généralisation et gérée par des acteurs souvent privés et peu inquiétés par une CNIL qui manque de moyens, est-elle pour autant moins invasive et plus sécurisée ?

Comme on peut s’y attendre, les vidéos montrent que les victimes réagissent mal ; c’est bien normal. Mais est-ce que c’est parce que cette surveillance est plus contestable en soi, ou parce que l’on a simplement oublié celle qui est déjà en place ?

Cette expérience est à mettre en perspective avec l’annonce des lunettes Google, qui contiennent une caméra permettant elle aussi à n’importe qui de filmer plus ou moins discrètement tout ce qui passe.

Regarder les vidéos du caméraman sans gêne chez YouTube (en anglais)

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L’abîme ou le réveil

Edwy Plenel dresse le tableau de la situation politique actuelle en France, et il est autant juste qu’atterrant :

Tandis que l’édition marchande impose la confession intime et le voyeurisme salace, au détriment d’une littérature de la découverte et du dépassement, l’inépuisable feuilleton strauss-kahnien met en scène l’accouplement de la prédation sexuelle et de la domination sociale.

Tandis que l’ancienne droite républicaine se vautre dans le racisme anti-musulman et dans l’essentialisme identitaire, le ministre de l’intérieur en place désigne un ennemi intérieur qui accouple les mots fascisme et islam, tout en assimilant la colère ouvrière aux casseurs délinquants. Tandis qu’un affairiste notoire, repris de justice avéré, fait main basse sur des journaux avec la complicité des banques, l’information ne cesse d’être malmenée par le divertissement, le rire ayant détrôné la conscience et le doute désabusé tenant lieu de conviction enracinée.

Lire l’article d’Edwy Plenel chez Mediapart

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La banque qui veut prêter plus

La cinéaste Valérie Denesle, à propos de la banque NEF (« nouvelle économie fraternelle ») :

De la fraternité dans l’économie ? Ça alors. J’ai eu envie d’aller voir de plus près. (…) Je me suis retrouvée à Manosque, avec quelques uns des 27 000 sociétaires, qui avaient envie d’entendre parler de leur banque, un vendredi soir après le boulot.

Consulter le site Web de la Nef

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Une société armée est à l’opposé d’une société civilisée

On imagine souvent le débat sur les armes à feu en cours aux États-unis comme une opposition entre les gens normaux d’un côté, et les gens violents fanas de la gâchette de l’autre. Un essai publié par le New York Times analyse la chose plus subtilement.

Les armes à feu insèrent une sorte de hiérarchie, fondamentale au fond, qui revient à menacer l’égalité. En fait, elles posent un défi monumental à l’idée de liberté, et en particulier à la liberté déterminante de toute démocratie digne de ce nom, la liberté d’expression. Après tout, les armes à feux communiquent, mais d’une façon qui contredit les idéaux de la liberté d’expression : oui, les armes à feux inhibent l’expression.

Ça devient clair dès lors que l’on se penche davantage sur la vision qu’a la NRA d’une société armée. Une société armée serait polie, à leurs yeux, précisément parce que les armes à feu forceraient tout le monde à tempérer tout comportement excentrique, et freineraient les actions pouvant être perçues comme menaçantes. L’idée est que les armes à feu diffusées librement à travers la société nous feraient tous filer droit, faire attention à ce que l’on dit, ce que l’on fait et qui on pourrait offenser.

Bref, ils sont loin du second amendement.

Lire l’article de Firmin Debranbander sur les implications d’une société armée (en anglais)

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« Mais les gars, même en y mettant tout le destroy du monde… »

La Nation peut se réjouir que ce déserteur de Lionel Jospin ait tenu à re-exprimer sa réserve contre le mariage pour tous, car ça semble avoir poussé Virginie Despentes à écrire le meilleur texte de ces derniers temps, exemple de bon sens, de progressisme et de rhétorique. En voici un extrait, qui ne vaut pas la conclusion mais qui donne le ton :

Jospin, comme beaucoup d’opposants au mariage gay, est un homme divorcé. Comme Copé, Le Pen, Sarkozy, Dati et tutti quanti. Cet arrangement avec le serment du mariage fait partie des évolutions heureuses. (…) On sait que les hétérosexuels divorcent plus facilement qu’ils ne changent de voiture. On sait que l’adultère est un sport courant (…) et on sait d’expérience qu’ils ne pensent pas que faire des enfants hors mariage soit un problème. Ils peuvent même faire des enfants hors mariage, tout en étant mariés, et tout le monde trouve ça formidable. Très bien. Moi je suis pour tout ce qui est punk rock, alors cette idée d’une immense partouze à l’amiable, franchement, je trouve ça super seyant. Mais pourquoi tant de souplesse morale quand ce sont les hétéros qui se torchent le cul avec le serment du mariage, et cette rigidité indignée quand il s’agit des homosexuels ? On salirait l’institution ? On la dévoierait ? Mais les gars, même en y mettant tout le destroy du monde, on ne la dévoiera jamais davantage que ce que vous avez déjà fait, c’est perdu d’avance… Dans l’état où on le trouve, le mariage, ce qui est exceptionnel c’est qu’on accepte de s’en servir.

Dans le mille.

Lire le texte de Virginie Despentes à propos du mariage pour tous

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Trois éléments clé absents de la plupart des informations

Matt Thompson :

Je suis arrivé à la conclusion qu’il y a quatre éléments clé dans l’actualité et qu’un seul d’entre-eux nous est généralement accessible, bien que les journalistes disposent des quatre et que les trois autres soient potentiellement plus importants.

  1. Ce qui vient de se passer (élément partagé avec le public) ;
  2. Ce qui s’est passé avant (non partagé) ;
  3. Comment les journalistes savent ce qu’ils savent (non partagé) ;
  4. Ce que les journalistes ne savent pas (non partagé).

Il n’est pas dit que tous les journalistes soient armés pour vraiment maîtriser les quatre éléments qu’il liste, mais en dehors de ce point, c’est une analyse cruellement vraie.

Lire les explications de Matt Thompson sur ces éléments clé des informations (en anglais)

Édito :
L’article 521-1 du code pénal

À propos de politique, publié le

Dans le pays des Lumières, les institutions sombrent parfois dans le traditionalisme.

Lire cet édito…

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Trop de citoyens veulent la civilisation au rabais

Edwy Plenel, à propos de l’évasion fiscale, en plein milieu de l’affaire Cahuzac :

Ne pas payer ses impôts, chercher à s’y soustraire ou à y échapper, c’est donc faire le choix de la barbarie du chacun pour soi contre la civilisation du tous pour chacun. Quand il devient un absolu, la fin et la mesure de toute chose, l’argent n’est plus qu’une arme sauvage au bénéfice d’une liberté aveugle, destructrice de la société, des liens et des solidarités qui la font tenir. Quand tout s’achète, il n’y a plus de principe et de valeur qui vaille, et la loi elle-même ne vaut plus rien. La fiscalité n’est pas l’ennemie de la liberté, qui comprend celle de s’enrichir. Mais elle civilise cette liberté individuelle en l’insérant dans une relation collective où chacun, à la mesure de ses moyens, contribue à la richesse nationale, afin qu’il y ait des écoles, des hôpitaux, des routes, etc., dans l’espoir qu’ainsi, personne ne sera laissé en dehors de la cité commune.

Il en profite pour citer le Juge Holms (figure respectée de la Cour suprême américaine), qui disait que « les impôts sont le prix à payer pour une société civilisée ».

Lire l’article de Mediapart à propos de l’évasion fiscale

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Des américains républicains veulent s’expatrier au Canada à cause de la réforme d’assurance santé publique d’Obama

Apparemment, personne ne les a prévenus que leur future nouvelle patrie a commencé à se pencher sur la question de l’assurance maladie publique universelle depuis bientôt 70 ans, ni que les Canadiens sont parmi les plus grands supporters d’Obama (après la France).

Lire la compilation des tweets contre Obama par BuzzFeed (en anglais)