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Archive des textes publiés chez Simple curiosité

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Facebook a pris ses utilisateurs comme cobayes pour une expérience psychologique

Pour prouver l’existence du principe de contagion émotionnelle sur son site, Facebook a réduit la visibilité des publications ayant des mots-clés positifs et a constaté l’augmentation de nouvelles publications négatives. Autrement dit, ils ont caché aux gens des choses positives et, en retour, les gens ont été plus négatifs. Encore dit autrement, Facebook a manipulé l’état psychologique des gens.

Ça a concerné près de 700 000 personnes, à qui la société n’a pas demandé leur avis. En effet, la petite case des conditions générales que l’on coche à l’inscription prévoit la possibilité de ce genre d’expérimentation. Pour autant, contrairement à ce que beaucoup de titres affirment, le fait d’accepter ces conditions générales ne les rend pas licites pour autant : des juges peuvent les déclarer abusives, et on peut espérer que c’est ce qui va se passer ici. En attendant, phoque Facebook.

Dans la même veine, on en a peu parlé, mais Facebook est récemment revenu sur le redesign de son fil d’actualités. Celui-ci était tellement bon qu’il a entraîné une chute des visites sur le site : les gens avaient toute l’information nécessaire dès la page d’accueil et n’avaient donc pas besoin d’aller sur les pages de profil, de groupes, d’évènements, etc. Mais la chute des visites étant synonyme de chute de visibilité des publicités et donc de revenus. Entre bon design nécessitant de revoir son modèle économique, et status quo avec revenus publicitaires, Facebook a évidemment choisi le plus facile.

Lire l’article de FranceTVinfo sur le sujet

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Critique de la couverture du Venezuela par Le Monde

Maurice Lemoine, atterré par la couverture des évènements au Venezuela par Le Monde, a pris sa plume pour écrire au médiateur du journal. Extrait :

Dans tous ses articles, je dis bien tous ses articles – si vous en avez le courage, relisez-les – Paulo A. Paranagua nous parle du « lieutenant-colonel » Hugo Chávez et du « capitaine » Diosdado Cabello. Curieux : l’un et l’autre ont quitté l’armée en 1994, il y a vingt ans ! Au cas où vous ne saisiriez pas l’intérêt du procédé, je vais vous l’expliquer : il s’agit de la formule qu’utilisent les médias vénézuéliens d’opposition (El Nacional, El Universal, Tal Cual, etc.) pour désigner, depuis 2002, feu le « président » Chávez et l’actuel « président de l’Assemblée nationale », exprimant ainsi qu’ils leur dénient la légitimité et le titre que les élections démocratiques et la Constitution leur ont pourtant octroyé. Tout en rappelant de façon subliminale la tentative de coup d’Etat à laquelle ils ont participé, le 4 février 1992, en omettant de rappeler l’une de ses causes, la terrible répression, trois ans auparavant, d’un soulèvement populaire – le caracazo – qui a fait, selon les sources, entre 300 et 3 000 morts (voire même davantage), sous les auspices d’un président social démocrate, Carlos Andrés Pérez, ultérieurement destitué pour corruption. À défaut du prix Pullitzer ou du prix Albert Londres, Paulo A. Paranagua peut donc postuler avec les plus grandes chances de succès au Prix franco-vénézuélien de la connivence et du « copier-coller ».

Ouch.

Lire la lettre ouverte de Maurice Lemoine au médiateur du Monde

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« C’est ce processus qui est magique »

Steve Jobs, à propos du design :

Qu’est-ce qui est important dans le développement d’un produit, selon vous ?

L’une des choses qui a vraiment causé du tort à Apple est qu’après mon départ, John Scully [son remplaçant] a eu une maladie grave. Et cette maladie — j’ai vu d’autres personnes en souffrir également — est de croire qu’avoir une très bonne idée, c’est avoir fait 90% du boulot. Et qu’il suffirait de dire aux autres « voilà ma très bonne idée » pour qu’ils la concrétisent.

Le problème avec cette logique est qu’il y a un volume de travail inouï entre une bonne idée et un bon produit. Au fur et à mesure que vous travaillez cette bonne idée, elle change, elle évolue. Au final, on aboutit toujours très loin de l’idée de départ, parce qu’on apprend énormément en creusant ses subtilités et en découvrant les innombrables compromis à faire. Sérieusement, c’est juste qu’il y a des choses que l’on ne peut pas faire faire aux électrons. Il y a des choses que l’on ne peut pas faire faire au plastique, au verre, aux usines ou aux robots.

Concevoir un produit, c’est garder 5 000 choses en tête, ces notions là, et toutes les faire tenir ensemble tout en faisant en sorte d’arriver à ce qu’on veut. Et chaque jour vous découvrez un nouveau truc qui pose problème ou qui est une opportunité pour faire tenir ces choses ensemble un peu différemment.

Et c’est ce processus qui est magique.

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« Les États-Unis omniprésents dans nos JT, l’Afrique et l’Amérique latine oubliées »

Arrêt sur images relève que, selon le baromètre thématique de l’Institut national de l’audiovisuel, la vision internationale des journaux télévisés français est complètement déséquilibrée, car elle se focalise très largement sur les États-Unis. En 2013, ces derniers comptaient deux fois plus de reportages que la Syrie, pourtant en pleine guerre civile, par exemple.

Carte du monde avec le nombre de mentions de chaque pays dans les JT français
Les États mentionnés plus de cinquante fois dans les JT français

Pour avoir une vision internationale la plus diversifiée possible, c’est vers les JT d’Arte et de Canal+ qu’il faut se tourner, toujours selon ces statistiques.

Lire le baromètre thématique des journaux télévisés de l’INA (document PDF, 319 ko)

Lire l’analyse d’Arrêt sur images (article payant)

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« Les députés en ont marre des manifestations sous leurs fenêtres »

Eh bien qu’ils déménagent, ces pleutres.

Prochain titre : « les députés en ont marre des électeurs » ? voire « des élections » ? Voilà des gens qui ont un culot inversement proportionnel à leur sens de la démocratie.

Lire l’article très sérieux de FranceTVinfo sur le sujet

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Une nouvelle façon de commenter sur Internet

Le New York Times inaugure un nouveau système de commentaires, qui restaurera peut-être l’ intérêt de ces derniers sous les articles de presse. Le plus gros changement est probablement le fait de poser une question précise, définie par les journalistes, juste au-dessus de la zone de rédaction d’un commentaire. Le second changement est l’obligation de qualifier son commentaire par un adjectif prédéfini (« positif », « négatif », « surpris », « pas surpris », etc.) avant de pouvoir répondre. Une fois publiés, les commentaires font aussi l’objet d’une mise en forme recherchée.

Ça paraît évident une fois mis en place et pourtant, l’immense majorité des commentaires sur Internet sont rédigés sans aucune attention de ce type.

Lire l’article du Nieman Journalism Lab sur le nouveau système de commentaires (en anglais)

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Les berceaux d’oiseaux illusionnistes

Photo d’un berceau d’oiseau, construit avec des branches et des détritus bleus

Michel de Pracontal :

Dans un article intitulé « Est-ce que les oiseaux à berceau ont des cultures ? » (Animal cognition, vol.11, pp. 1-12), l’éthologue britannique Joah Madden cite plusieurs indices qui suggèrent que les talents d’architectes et d’artistes de ces oiseaux ont une dimension culturelle.

Soulignons pour commencer qu’une tâche complexe comme la construction d’un berceau ne se limite pas à l’exécution d’un programme et suppose que l’oiseau ait un plan, une sorte de projet en tête, ce qui implique aussi que l’expérience peut jouer un rôle. D’autre part, l’utilisation d’outils chez les animaux, en particulier chez les grands singes, est considérée par de nombreux chercheurs comme un indice de culture.

Or, les oiseaux à berceau utilisent des outils. Le jardinier satiné fabrique une sorte de pinceau pour enduire son édifice de peinture bleue, la couleur qui semble le plus attirer la femelle (et qui rappelle le plumage de l’oiseau). Pendant leur parade, les jardiniers saisissent souvent un élément de décoration de leur cour, le brandissent ou le lancent. Là aussi, on peut parler d’outil.

Lire l’article complet sur Mediapart

Voir d’autres photos de berceaux nuptiaux construits par des oiseaux (en anglais)

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« Pas fini »

Laurent Chemla, figure historique de l’Internet français :

Dans mon vieux bouquin, j’avançais en hésitant une théorie balbutiante : Internet serait une étape normale de l’évolution d’une espèce (l’humanité) dont la survie est basée sur le transfert du savoir acquis, d’une génération à la suivante. Et lorsque la quantité de savoir à transmettre ne se satisfait plus des outils existants, alors il est temps d’en inventer d’autres, plus puissants.

Aujourd’hui, si je devais formuler la même thèse, je prendrais beaucoup moins de gants pour le faire : c’est une évidence.

La parole, la tradition orale, a longtemps suffit à notre évolution en tant qu’espèce. Quand elle est devenue insuffisante, nous avons inventé l’écriture. Quand l’écriture manuscrite a montré ses limites, nous avons inventé l’imprimerie. Et quand la masse des savoirs a dépassé la capacité des livres à les contenir et les transmettre, nous avons inventé l’hypertexte et le Web.

Chacun à leur tour, ces outils ont permis la démultiplication des compétences, et augmenté eux aussi le savoir global, rendant ainsi nécessaire l’invention de l’étape suivante.

C’est un continuum.

Le numérique, par l’ampleur des changements qu’il induit dans nos sociétés, va même encore au delà de l’invention de l’imprimerie. Il est selon moi d’une importance aussi grande que l’a été l’invention de l’agriculture, aussi grande que le passage de la taille de la pierre à l’age de bronze. Ce n’est pas juste un changement de société : c’est un basculement de civilisation.

Nous sommes passés à l’age du numérique, quand ceux qui croient nous diriger en sont restés à l’age du papier.

Lire l’article « Pas fini » de Laurent Chemla

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« J’en ai ras le bol qu’on doive s’excuser à cause de la “théorie du genre” »

Titiou Lecoq, à propos de la polémique sur le genre à l’École :

On ne peut pas dire d’un côté « olala les méchants qui veulent effacer les distinctions sexuelles » (donc psychologique et intellectuelles, parce que ne vous y trompez pas, avec ces gens-là, ça va forcément de pair), et de l’autre nous accuser de l’exact opposé, à savoir sexualiser l’enseignement. C’est vous, avec votre école idéale de filles et de garçons qui sexualisez les enfants. C’est vous avec votre obsession du rose, des paillettes, des palettes de maquillage versus le bleu, les grosses chaussures, le sport, qui sexualisez les enfants.

Pas nous.

Nous, on fait l’inverse. On veut leur foutre la paix avec ces distinctions et leur dire de faire comme ils en ont vraiment envie.

La voix de la raison.

Lire l’article de Titiou Lecoq chez Slate

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Les « charges sociales », ça n’existe pas

Gérard Filoche, membre du bureau national du Parti socialiste :

Un salarié m’avait dit : « mon patron me licencie parce qu’il a trop de charges ». J’en aurai pleuré. Croyait-il que son salaire était trop élevé ? Nul ne lui avait expliqué que son « brut » était du salaire indirect ou différé ? Même s’il ne le touchait pas tout de suite, c’était encore plus précieux : sa vie en dépendrait tôt ou tard. Demain à l’hôpital. Demain au chômage. Demain en retraite. Par exemple, le système de retraite par répartition, ce n’est pas une épargne (ouf, car sinon nos retraites seraient parties avec Madoff ou Lehmann-Brothers) mais c’est une part de salaire versée en temps réel par ceux qui travaillent chaque mois pour assurer la retraite des aînés. En temps de crise, c’est ce salaire mutualisé qui résiste le mieux, cent mille fois plus que les fonds des assurances et des banksters.

À garder en tête quand on nous parle de coût du travail trop élevé, parfois même par les camarades de M. Filoche au PS.

Lire l’article de Gérard Filoche sur les cotisations sociales