« Gravité », scénario catastrophe sur les débris spatiaux

Le nouveau film d’Alfonso Cuarón aborde le thème de l’exploration spatiale et des risques qui y sont liés, dans le souci du réalisme.

Édito de format vidéos, publié le  :

Dans l’espace, les collisions sont silencieuses. Sans air, pas de bruit : logique. Mais à Hollywood, les explosions font un peu partie du forfait de base des films catastrophe. On ne compte plus les films qui ont rajouté des déflagrations, de la réverberation et même des flammes en plein vide. C’est tellement récurrent que le simple respect des lois de la physique est devenu tristement original.

Le souci du détail

Gravité ne tombe pas dans le panneau. Ça a failli, lorsque les gens chargés de faire le clip d’aguiche le teaser, diffusé avant la bande annonce, se sont sentis obligés de rajouter des sons d’explosion. Mais la bande annonce a confirmé que le réalisateur était sérieux. Sérieux confirmé par l’absence de maquillage des actrices et des acteurs. Voilà qui donnera envie à certains astronomes d’aller jusqu’au bout du défi et de vérifier si les étoiles de l’arrière-plan sont bien à leur place.

Autre remarque : la bande annonce est un plan séquence. En y réfléchissant, ça paraît logique, là encore. Faute de gravité suffisante, les astronomes « flottent » au lieu d’être fixés dans un décor. Il est donc plus naturel que la caméra flotte avec eux, sans interruption, d’autant que ça renforce l’idée d’espace et le malaise du vide (la caméra peut s’orienter dans toutes les directions possibles, et ne semble rattachée à rien). Techniquement et artistiquement, les difficultés de tournage ont du être énormes.

Le sujet est fascinant

L’impatience vis-à-vis de la sortie du film se fait sentir. Pourquoi ? Peut-être parce que le sujet projette des êtres humains dans l’une des situations les plus extraordinaires qu’il soit raisonnablement possible d’imaginer, littéralement.

Ça fait des millénaires que l’on essaie de comprendre les règles de base de notre planète. On s’est bien adapté à certaines. On a fait le tour des continents, des océans, on a construit des grattes-ciel, des avions et Internet ; bref, on a développé une emprise unique sur notre environnement. Mais tout cela ne vaut plus grand chose dans l’espace, où les règles ne s’appliquent plus de la même façon. Et pourtant, notre espèce y est allé. Nous sommes parvenus, momentanément, à s’éloigner de ce point bleu pâle, le « seul monde connu jusqu’ici à abriter la vie », qui regroupe « tous ceux que vous aimez, tous ceux que vous connaissez, tous ceux dont vous avez entendu parler, tous les êtres humains qui aient jamais existé », comme disait Carl Sagan. Dans cette perspective objectivement exacte, que pourrait-il y avoir de plus extraordinaire que l’espace ?

Le sujet est également raisonnable car, à l’heure où cet article est publié, il y a six êtres humains dans l’espace et la probabilité que leur vaisseau soit percuté par un débris spatial est bien réelle. Il existe de très bon films sur l’extinction de notre étoile ou sur l’intelligence extraterrestre dans lesquels on retrouve l’aspect extraordinaire de l’espace. Mais Gravité traite d’un sujet en cours. L’immersion dans le film est donc d’autant plus grande et facile.

Les débris spatiaux, vrai problème

Statistiquement, lorsque les navettes étaient actives, les débris spatiaux étaient la pire menace contre elles. Contre un satellite de taille moyenne, la probabilité d’une collision avec un débris d’un millimètre est d’une tous les deux ans. Et n’allons pas croire que des débris de cette taille sont inoffensifs. Un simple éclat de peinture peut faire des ravages.

La collision a causé un éclat de plusieurs millimètres, mais superficiel.
En même temps, avec des vitesses comprises entre 30 et 40 000 km/h, c’est compréhensible. (NASA)

Wikipedia permet aussi d’en savoir plus à propos du syndrome de Kessler, apparemment au cœur du film. Cet astrophysicien à la NASA a donné son nom à l’hypothèse qu’au-delà d’un certain nombre de débris en orbite autour de la Terre, ceux-ci heurteraient les satellites artificiels à une fréquence telle que les nouveaux débris en résultant se multiplieraient de façon exponentielle, provoquant une réaction en chaîne pouvant détruire l’ensemble des satellites artificiels.

Bref, les débris spatiaux, c’est du sérieux. D’ailleurs, Wikipédia nous apprend aussi que l’orbite terrestre compte notamment : un gant, deux caméras, une clé à écrou, une pince, une boîte à outils et une brosse à dent. Ça fait beaucoup de nouveaux scenarios possibles à partir de là.